Rien ne prédestinait Fernand Léger, fils d’un éleveur de bœufs normand, à devenir une figure marquante de l’avant-garde parisienne. Peu studieux mais bon dessinateur, il travaille comme apprenti chez un architecte à Caen.
Il monte à Paris à 19 ans et suit en auditeur libre les cours du peintre Gérôme, à l’Ecole des Beaux‑Arts. En 1907, année décisive pour lui, Léger s’installe à la Ruche dans l’effervescence artistique de Montparnasse, où il se lie d’amitié avec Robert Delaunay, Marc Chagall, Blaise Cendrars…

Amené au cubisme par la leçon de Cézanne, il forge rapidement son propre style en marge des recherches de Braque et Picasso. Pour transcrire le dynamisme de son époque, il développe une peinture basée sur les contrastes de formes et de couleurs, clé de voûte de son esthétique qu’aucune évolution ultérieure ne remettra en cause.


Son départ pour la guerre en août 1914 marque une rupture brutale. Au front, Léger dessine sur des supports de fortune, avant d’être hospitalisé puis réformé en 1917.

Après la guerre, les thèmes de la ville et de la machine retiennent toute l’attention du peintre. Inspiré par la vie moderne, Léger prône un « nouveau réalisme », accordé à la beauté plastique de la civilisation industrielle. Conscient que la peinture est concurrencée par le spectacle de la grande ville, il intègre à ses compositions, signaux urbains et motifs mécaniques, tandis que la figure humaine, désensualisée et standardisée, est réduite à la géométrie.

Reconnu internationalement à partir des années 30, Fernand Léger expose en Europe et aux Etats‑Unis, où il se rend à plusieurs reprises. Dès cette époque, sa recherche picturale s’écarte de l’esthétique mécaniste pour s’inscrire dans la grande tradition picturale.
Au début de la guerre, Léger fuit la France pour New York, « le plus formidable spectacle du monde ». Cette période américaine est particulièrement créative. Avec la série des Plongeurs et des Cyclistes, Léger invente le principe de la couleur en dehors, par lequel il dissocie couleurs et formes. 

A la fin de sa vie, Léger, animé par l’idéal d’un art pour tous, se lance dans de nombreux projets monumentaux, pour des commandes d’art sacré (chapelle d’Assy, église du Sacré-Cœur d’Audincourt…) ou des édifices publics (université de Caracas, palais de l’ONU à New York…).